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Conclusion

Retour sur Kennedy

Revenons au début de notre histoire. Harry Truman, le Frankenstein de l’histoire mondiale, créateur de la monstrueuse CIA et premier massacreur nucléaire, est aussi le président américain qui soutint et reconnut l’État d’Israël dix minutes après sa proclamation, le 15 mai 1948. « L’acte historique de reconnaissance de Truman restera gravé pour toujours en lettres d’or dans les quatre mille ans d’histoire du peuple juif , » proclama aussitôt l’ambassadeur isaélien. Truman fondit en larmes, dit-on, lorsque le Grand rabbin d’Israël lui déclara à Washington en 1949 : « Dieu vous a placé dans le sein de votre mère pour que vous soyez l’instrument de la renaissance d’Israël après deux mille ans . » Mais son soutien au sionisme n’assura pas seulement à Truman une place dans l’histoire biblique, tel un nouveau Cyrus ; il lui rapporta également deux millions de dollars pour relancer sa campagne, si l’on en croit un jeune journaliste bien informé de l’époque, du nom de John Kennedy. Ce qu’on sait de certain, c’est que la décision lui a été conseillée par son directeur de campagne Clark Clifford, mais qu’elle allait contre les recommandations de son Secrétaire d’État George Marshall, de son Secrétaire à la Défense James Forrestal et de l’ensemble de ses conseillers, et contre les Britanniques et leur ministre des Affaires étrangères Ernest Benin. En outre, Truman trahissait la promesse faite par Roosevelt au roi Ibn Saoud lors d’une longue rencontre en février 1945, puis confirmée le 5 avril par une lettre adressée à son « Great and good friend », que « aucune décision ne sera prise concernant la situation dans ce pays sans une consultation entière avec les Arabes et les Juifs, » et que « je n’entreprendrai aucune action, en tant que chef de la branche exécutive de ce gouvernement, qui pourrait s’avérer hostile au peuple arabe . »


John Kennedy reçut lui aussi une offre d’aide financière du lobby israélien, dans sa campagne présidentielle. Il résuma ainsi, à son ami journaliste Charles Bartlett, la proposition que lui fit le mécène Abraham Feinberg : « Nous savons que votre campagne est en difficulté. Nous sommes prêts à payer vos notes si vous nous laissez le contrôle de votre politique au Moyen Orient  » Bartlett se souvient que Kennedy se promit que, « si jamais il devenait président, il allait faire quelque chose pour changer ça . » En 1962-63, il soumit sept projets de loi (bills) pour réformer le financement des campagnes électorales du Congrès ; toutes furent combattues avec succès par les groupes d’influence qu’elles visaient. Parallèlement, avec l’appui de l’Attorney General Robert Kennedy, le sénateur William Fulbright, chairman du Committee on Foreign Relations, conduisit une audition sur le statut du American Zionist Council, pour exiger qu’en vertu de son financement par l’État d’Israël il soit enregistré comme « agent étranger ». L’enquête fut stoppée nette par l’assassinat de Kennedy et le remplacement de son frère à la Justice par Nicholas Katzenbach. L’American Zionist Council échappa au statut d’agent étranger en se renommant American Israel Public Affairs Committee (AIPAC). Fullbright déclara sur CBS le 15 avril 1973 : « Israël contrôle le Sénat américain. […] La grande majorité du Sénat américain — autour de 80% — soutient complèment Israël ; tout ce qu’Israël veut, il l’obtient . » Fulbright perdit son siège en 1974, mais quelques élus courageux continueront de dire, comme Patrick Buchanan en 1990 : « Capitol Hill is Israeli occupied territory. »


Kennedy, nous l’avons vu, était déterminé à empêcher Israël de mener à terme ses projets d’armement nucléaire, et avait fermement signifié aux premiers ministres David Ben Gourion puis Levi Eshkol que leur refus d’ouvrir le site de Dimona à des inspections internationales régulières compromettait le soutien des États-Unis. Kennedy s’était également engagé en faveur du droit au retour des 800 000 réfugiés palestiniens expulsés de leurs quartiers et villages en 1947-48. Le 20 novembre 1963, sa délégation aux Nations Unies appelait à l’implémentation de la Résolution 194 à cet effet. Kennedy n’eut sans doute pas le loisir de lire les réactions scandalisées d’Israël dans les journaux : deux jours plus tard, il était mort. L’arrivée au pouvoir de Johnson fut saluée avec soulagement à Tel Aviv : « Il ne fait aucun doute qu’avec l’accession de Lyndon Johnson, nous aurons davantage d’opportunité d’approcher le Président directement si nous trouvons que la politique états-unienne va contre nos intérêts vitaux , » estimait le journal israélien Yedio Ahoronot.


Au contraire, le deuil fut profond dans le monde arabe, où le portrait de Kennedy ornait de nombreux foyers. Avec sa disparition, dira Nasser, « Désormais, De Gaulle est le seul chef d’État occidental sur l’amitié de qui les Arabes peuvent compter. » Kennedy avait réduit l’aide financière à Israël, et avait envoyé du grain à l’Égypte sous le programme Food for Peace. En 1965, Johnson coupa l’aide à l’Égypte et multiplia l’aide à Israël, qui passa de 40 millions à 71 millions, puis à 130 millions l’année suivante. Tandis que l’administration Kennedy n’avait autorisé que la vente de quelques batteries de missiles défensifs à Israël, sous Johnson plus de 70% de l’aide finança l’achat de matériel militaire, dont 250 tanks et 48 avions offensifs Skyhawk. Inversement, en les privant de l’aide américaine, Johnson força l’Égypte et l’Algérie à se tourner vers l’URSS pour tenter de suivre la course à l’armement engagée par Israël.


En 1956, les Américains sous Eisenhower s’étaient opposés à l’invasion du Canal de Suez par Israël, la France et la Grande Bretagne. En juin 1967, Johnson donna au contraire à Israël plus qu’un « feu orange » pour sa guerre « préventive » contre l’Égypte (qui s’avérera une guerre d’annexion), par une lettre du 3 juin où il assurait le premier ministre israélien Levi Eshkol vouloir « protéger l’intégrité territoriale d’Israël et […] fournir un soutien américain aussi efficace que possible pour préserver la paix et la liberté de votre nation et de la région . »


Après l’attaque du USS Liberty par Israël, qui aurait été mise sur le compte de l’Égypte si elle avait atteint son but (l’extermination de l’équipage), Johnson accepta l’explication d’Israël invoquant une simple « erreur ». Lorsqu’en janvier 1968, il reçut le premier ministre israélien Levi Eshkol à Washington puis l’invita dans son ranch du Texas, les rapports furent chaleureux. Israël en tirera une leçon d’impunité dont l’influence sur son comportement futur ne doit pas être sousestimée : le prix à payer en cas d’échec dans une opération sous faux drapeau contre les États-Unis est nul. En fait, l’échec est impossible, puisque les Américains se chargeront eux-mêmes de couvrir le crime. Mieux encore, Johnson récompense Israël en levant l’embargo sur le matériel militaire : armes et avions américains (notamment des F4-Phantom) affluent aussitôt vers Tel-Aviv. Les ventes atteindront 600 millions de dollars en 1971 et 3 milliards deux ans plus tard, faisant d’Israël le premier client de l’industrie militaire américaine. 


C’est en 1967 également que la coopération entre la CIA et le Mossad prit une importance cruciale, sous la supervision de James Jesus Angleton. On ignore l’étendue de cette coopération, mais un aspect de l’assassinat de Robert Kennedy le 6 juin 1968 laisse soupçonner une implication du Mossad. Comment expliquer autrement que le patsy préparé pour endosser le crime fût un jeune Palestinien prétendument motivé par la haine d’Israël ? Lorsqu’il fut arrêté, Sirhan Sirhan avait dans sa poche un article de journal sur la promesse de Robert Kennedy de vendre 50 bombardiers à Israel s’il était élu. Dans des pages écrites par lui, dont le contenu répétitif évoque un état de transe et qu’il ne se souvient pas avoir écrites, Sirhan donne comme seule raison à sa volonté de voir mourir Robert le soutien de celui-ci à Israël — soutien en réalité très réservé. L’assassinat de Robert Kennedy figure dans l’histoire superficielle comme le premier incident politique aux États-Unis lié au conflit israélo-arabe, et comme le premier acte de terrorisme palestinien international motivé par la haine d’Israël. Le fait que la légende du patsy est ici clairement fabriquée au bénéfice d’Israël pose question. Cela aurait-il un rapport avec l’attaque du USS Liberty par l’armée israélienne, un an presque jour pour jour avant l’assassinat de Robert, et avec l’empressement complice de Johnson à étouffer l’affaire ? La question restera sans doute à tout jamais sans réponse, mais ce qu’on sait de Johnson rend concevable l’idée qu’il ait moneyé l’impunité d’Israël en échange de l’assassinat de son ennemi mortel.   


Quoi qu’il en soit, il existe un lien causal direct et incontestable entre l’assassinat de John Kennedy et le 11-Septembre : les conditions pour le second ne se seraient pas matérialisées si le président Kennedy avait survécu et poursuivi sa politique. La Guerre froide n’aurait pas pu être exploitée à des fins purement nationalistes par Israël, et le militarisme impérialiste de ce dernier aurait été bridé. Au-delà de la simple question d’Israël, l’assassinat de Kennedy marque la victoire des forces corruptrices de la démocratie américaine et de la paix mondiale. Ce sont les mêmes forces qui, trente-huit ans plus tard, ont orchestré le 11-Septembre et entraîné le monde dans une guerre de civilisation dont les plaies prendront des siècles à guérir. Les auteurs principaux de l’assassinat de Kennedy et du 11-Septembre ne sont pas les mêmes. Il est néanmoins probable que l’implication de Bush père dans le crime de Dallas, même minime, a créé les conditions d’un chantage complexe obligeant Bush fils à couvrir le complot du 11-Septembre et à mener une politique pro-Israélienne que Bush père réprouvait. Le clan Bush a été vaincu à son propre jeu, par des joueurs d’une catégorie supérieure.


D’un point de vue de psychologie sociale, il y a également des raisons de croire que la manipulation du 11-Septembre n’aurait pu fonctionner sans les mécanismes de propagande élaborés pour maintenir cachée la vérité du 22-Novembre. Pour employer un concept psychanalytique, le mensonge sur Kennedy constitue une « crypte », un secret inavouable et refoulé qui travaille en profondeur l’inconscient de l’Amérique et l’a rendue vulnérable à d’autres mensonges. Tout mensonge crée une prédisposition au mensonge, et même la nécessité d’autres mensonges pour le couvrir. La crypte se transforme en abîme à mesure qu’un mensonge vient s’enfouir dans un autre. Inversement, le dévoilement d’un mensonge menace de dévoilement d’autres mensonges ; c’est pourquoi l’on constate encore aujourd’hui une volonté farouche de pérenniser le mensonge sur la mort de Kennedy, dont le dévoilement conduira inéluctablement à la vérité sur le 11-Septembre.


Il existe également des parallélismes structurels entre les deux affaires. Le rôle du vice-président en est un : Johnson et Cheney furent deux acteurs clés des complots. Johnson fit assassiner Kennedy pour prendre sa place, tandis que Cheney n’eut même pas besoin d’éliminer Bush pour gouverner à sa place. Un autre parallélisme plus important est le rôle joué par une puissance étrangère. Nous avons vu que, d’un certain point de vue, l’assassinat de Kennedy peut être considéré comme une tentative partiellement avortée d’opération sous faux drapeau triangulaire, mettant en jeu trois puissances : une puissance source S (le gouvernement et la communauté cubaine en exil) organise un attentat contre une puissance alliée et supérieure A (les États-Unis), sous la fausse bannière d’une puissance ennemie E (le gouvernement cubain de Castro), dans le but d’entraîner A à combattre E à sa place. De ce point de vue, l’assassinat de Kennedy est le prototype (blueprint) du 11-Septembre, opération réussie dont la structure triangulaire est plus nettement marquée : l’allié A qui subit l’attentat est à nouveau les États-Unis, la puissance source S est Israël, et l’ennemi E est le monde musulman, c’est-à-dire les voisins hostiles d’Israël. Dans les deux cas, le projet a pu être élaboré grâce à une relation étroite entre les services secrets des puissances S et A : dans les années soixante, les exilés cubains avaient tissés des liens fusionnels avec la CIA et, à partir de la présidence de Johnson, c’est le Mossad qui s’est allié étroitement avec la CIA.


Il existe de nombreux points communs entre les politiques états-uniennes vis-à-vis de Cuba et d’Israël, comme l’a montré Lawrence Davidson dans Foreign Policy, Inc. : Privatizing America's National Interest (2009). La politique américaine à l’égard de Cuba est due à l’influence du lobby Cuban American National Foundation (CANF), fondé en 1981 par Jorge Mas Canosa. Canosa expliqua avoir pris modèle sur l’AIPAC : « Nous nous sommes vite aperçus que pour influencer le système politique états-unien nous devons copier […] le modèle juif, et nous nous sommes alliés très étroitement avec le lobby juif et le mouvement juif à Washington . » Mas Canosa, un ancien de la Baie des Cochons, est motivé par une haine viscérale à l’égard de Castro et, selon Davidson, « a institutionalisé cette haine en fondant le CANF . » La Floride est depuis toujours un swing state (« État-bascule ») en raison du million d’exilés cubains que le CANF parvient à rallier majoritairement. En conséquence, après Kennedy, la politique d’embargo contre Cuba fut appliquée par tous les présidents sans exception. Clinton, par exemple, se sentira obligé de promettre durant sa campagne de « faire tomber le marteau sur Fidel Castro et Cuba » et son successeur Bush junior de « voir la fin du régime de Castro . » Lawrence Wilkerson, adjoint de Colin Powell au Département d’État, a qualifié cette politique de « la politique la plus stupide du globe , » car elle ne sert ni l’intérêt des Américains, ni celui des Cubains, mais simplement l’obsession d’un puissant lobby. La politique états-unienne à l’égard d’Israël est l’exact opposé de l’hostilité inconditionnelle envers Cuba, mais elle est tout aussi figée, et pour les mêmes raisons électorales. Ces deux politiques sont aussi absurdes l’une que l’autre, c’est pourquoi elles sont refoulées sous un épais voile de propagande. Elles mettent en jeu des complicités criminelles entre les services secrets, qui dégénèrent inévitabement dans la mise en scène de faux attentats ou vrais attentats sous fausse bannière. Du côté de la diaspora cubaine, la dérive criminelle est incarnée par Mas Canosa lui-même, qui serait, selon une enquête du New York Times fondée sur une centaine de sources, à l’origine de l’attentat contre le vol 455 de la ligne cubaine Cubana de Aviación, le 6 octobre 1976, où 73 passagers cubains et vénézuéliens trouvèrent la mort. Parmi les personnes impliquées dans cet acte terroriste se trouve un autre exilé cubain anciennement membre de l’Opération 40 et de l’assaut de la Baie des Cochons, Luis Posada Carriles. Mais les USA refusent de l’extrader vers le Vénézuéla qui le réclame sous l’accusation de terrorisme, au mépris du traité d’extradition qui lie les deux pays. Ainsi les États-Unis qui menacent aujourd’hui tout pays protégeant des terroristes tombent-ils sous le coup de leur propre condamnation. 


Le pouvoir abusif des groupes de pression n’est qu’un symptôme d’une maladie plus profonde de la démocratie américaine. Comment se fait-il que les institutions démocratiques américaines, conçues à l’origine pour permettre aux citoyens d’être gouvernés par les meilleurs d’entre eux, soit devenues le contraire : un système qui permet aux plus corruptibles de se hisser au sommet du pouvoir, et aux forces anti-démocratiques de gouverner dans l’ombre ? La réponse courte a été donnée par le président iranien Ahmadinejad le 26 septembre 2012, sous forme de question rhétorique : « Peut-on croire que ceux qui dépensent des centaines de millions de dollars sur des campagnes électorales ont les intérêts du peuple à cœur ? » La puissance des lobbies est essentiellement financière, et résulte d’un système électoral américain qui n’impose aucune limite au financement des campagnes, de sorte que tout élu, à moins de posséder une fortune personnelle colossale (comme c’était le cas de Kennedy), est nécessairement acheté avant même d’être élu.


Mais le mal n’est pas seulement institutionnel. On dit que le poisson pourrit par la tête, mais dans une large mesure, une démocratie a les chefs qu’elle mérite, car elle produit ses élites par un processus complexe d’idéation et de sélection. Pour parasiter les États-Unis, Israël exploite une affinité civilisationnelle ancrée dans les consciences des deux peuples, c’est-à-dire dans leurs mythologies nationales. Lyndon Johnson l’a bien résumée en comparant un jour, devant un auditoire juif, « les pionniers juifs se construisant une maison dans le désert  » à ses propres ancêtres colonisant le Nouveau Monde. Ce qu’il soulignait ainsi involontairement, c’est l’équivalence entre le mensonge sioniste de la « terre sans peuple pour un peuple sans terre », qui a servi à couvrir le nettoyage ethnique de la Palestine, et le déni par les Américains de leur propre histoire génocidaire. Les Palestiniens ne sont-ils pas les Indiens d’Israël ? Ce phénomène partagé de refoulement dans l’inconscient national s’accompagne d’une même foi arrogante dans l’élection divine, résumée dans la mythologie américaine par la formule Manifest Destiny et éloquemment exprimée par le président Woodrow Wilson pour justifier l’entrée en guerre des États-Unis en 1917 : « Nous sommes choisis, et de manière privilégiée, pour montrer aux nations du monde comment marcher sur le chemin de la liberté . »


L’empathie, qui est l’expérience de la fraternité humaine et le s
eul chemin pour la paix mondiale, est impossible de la part de celui qui se croit supérieur en vertu de sa race, de sa patrie, de son idéologie ou de sa religion. L’idéologie du « choc des civilisations », inventée aujourd’hui pour remplacer l’anticommunisme et cimenter les États-Unis à Israël, diffuse par sa propagande islamophobe une culture de l’antipathie, c’est-à-dire de la peur, de la haine et de la guerre. Les néoconservateurs, qui se sont approprié ce mythe, donnent du monde l’image d’une incessante lutte à mort, et en déduisent que la responsabilité première d’une civilisation est de construire une capacité de défense, d’agression et de destruction maximale. « Destruction créatrice est notre nom, » déclare Michael Ledeen dans The War against the Terror Masters. « Nos ennemis ont toujours haï ce tourbillon d’énergie et de créativité, qui menace leur traditions (quelles qu’elles soient) et leur fait honte de leur incapacité à suivre le rythme. […] C’est pourquoi ils doivent nous attaquer pour survivre, tout comme nous devons les détruire pour accomplir notre mission historique . »

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Il semble urgent de penser autrement pour se préparer à fonder, sur les ruines de l’Empire, une « civilisation de l’empathie ». Peut-être devrait-on, pour commencer, admettre l’humanité toute entière dans le « peuple élu » ? « Car, en dernière analyse, notre lien le plus fondamental est que nous habitons tous cette petite planète. Nous respirons tous le même air. Nous chérissons tous l’avenir de nos enfants. Et nous sommes tous mortels . »

Politicien provincial du Missouri accidentellement catapulté à la tête de l’État, Truman (ici recevant un rouleau de la Torah du président israélien Chaim Weizman) fut le premier chrétien sioniste à la Maison Blanche. Il déclara le 3 avril 1951, trois ans après Hiroshima : « La Providence divine a joué un grand rôle dans notre histoire. J’ai le sentiment que Dieu nous a créé et nous a élevés à notre position actuelle de pouvoir et de force pour quelque grand dessein. […] Il nous est donné de défendre les valeurs spirituelles — le code moral — contre les vastes forces du mal qui cherchent à les détruire . » Ainsi parle la Puissance qui se prend pour la Vertu.

Un autre "Manchurian candidate" ? Le 25 mars 1975, le roi Fayçal d’Arabie Saoudite, qui sauva sa nation du désastre financier et la modernisa, fut assassiné par son neveu Fayçal ibn Musad, jeune homme fragile dépendant du LSD, récemment revenu de Californie par une escale à Beyrouth, où il avait suivi un traitement psychiatrique. L’assassin fut promptement exécuté sans avoir expliqué son geste. Fayçal, très aimé dans son pays, aura été le seul roi saoudien à défendre ardemment la cause palestinienne et le panarabisme.

Dans son éditorial du 13 janvier 2012 intitulé « What would you do? », Andrew Adler, rédacteur en chef du quotidien The Atlanta Jewish Times, suggère au premier ministre Netanyahou de « donner son accord pour que des agents du Mossad basés aux US éliminent un président jugé inamical envers Israël, afin que le vice-président prenne sa place et dicte avec force que la politique des États-Unis inclut le fait d’aider l’État juif à supprimer ses ennemis . » Adler s’est ensuite excusé.

Loy Henderson, responsable du Moyen Orient au Département d’État, prévint Truman que « the active support by the Government of the United States of a policy favoring the setting up of a Jewish State in Palestine would be contrary to the policy which the United States has always followed of respecting the wishes of a large majority of the local inhabitants with respect to their form of government. [...] At the present time the United States has a moral prestige in the Near and Middle East unequaled by that of any other great power. We would lose that prestige and would likely for many years to be considered a betrayer of the high principles which we ourselves have enunciated during the period of the war. »

« Nous, le peuple juif, nous contrôlons l’Amérique, et les Américains le savent , » aurait dit le premier ministre Ariel Sharon à son ministre des affaires étrangères Shimon Peres le 3 octobre 2001, selon la radio israélienne Kol Yisrael. Son successeur Benjamin Netanyahou en fit la démonstration le 24 mai 2011 devant le Congrès américain, où il fut ovationné 29 fois par une salle debout, notamment à chacune des phrases suivantes : « En Judée et en Samarie, les juifs ne sont pas des occupants étrangers » ; « Aucune distorsion de l’histoire ne peut nier le lien vieux de 4000 ans entre le peuple juif et la terre juive » ; « Israël ne reviendra pas aux frontières indéfendables de 1967 » ; « Jérusalem ne doit plus jamais être divisé. Jérusalem doit rester la capitale unie d’Israël.»

« Une nation qui se complaît dans une haine ou une affection coutumière envers une autre nation est dans une certaine mesure esclave. Elle est esclave de sa propre animosité ou de son attachement, tous deux capables de l’écarter de son devoir et de son intérêt. […] La préférence d’une nation pour une autre facilite l’illusion d’un intérêt commun imaginaire là où il n’existe aucun intérêt commun réel, et injecte dans la première les inimitiés de la seconde, ce qui conduit la première à participer contre son intérêt aux querelles et guerres de la seconde, sans raison valable suffisante. […] Et cela permet à des citoyens ambitieux, corrompus ou déranges (en se dévouant à leur nation préférée) de trahir ou sacrifier les intérêts de leur propre pays, sans honte et parfois avec popularité. » (George Washington, Farewell Address, 1796)

50 ANS D'ETAT PROFOND

de l'assassinat de Kennedy au 11-Septembre

(comparaison et perspective)  

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​"Une pilule rouge pour Forrest Gump"​ â€‹â€‹ 

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