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Chapitre 18

L'art du "patsy"

Le politologue Peter Dale Scott a été le premier à analyser le parallélisme entre l’assassinat de Kennedy et le 11-Septembre. Chacun de ces deux événements truqués a été conçu pour justifier l’invasion d’un pays et le renversement de son régime hostile : Cuba dans le premier cas, l’Afghanistan dans le second, à la différence près que l’invasion de Cuba a été finalement annulée. Chacun des deux crimes sous fausse bannière a précédé un second mensonge qui a justifié une autre guerre, menée unilatéralement par les États-Unis contre un pays lointain : l’incident bidon du Golfe de Tonkin a justifié l’agression contre le Nord-Vietnam, et le mensonge des « armes de destruction massive » de Saddam Hussein a justifié la guerre contre l’Irak. Contrairement aux deux crimes initiaux, les deux mensonges secondaires sont aujourd’hui reconnus comme tels par les historiens. Dans les deux cas, le complot trouve son origine au plus haut niveau du National Security State, et sert directement les intérêts du complexe militaro-industriel et de tous ses parasites. Dans les deux cas, le but a été de traumatiser la nation américaine par un crime à même de soulever dans l’opinion publique la peur et la haine d’un ennemi stéréotypé : le communisme dans le premier cas, l’islamisme dans le second.


Il est intéressant de mettre également en regard les méthodes de préparation et d’exécution des deux événements profonds, car on y décèle un pattern caractéristique qui permet une théorisation du false flag, et donc une capacité accrue de les démasquer. Dans les deux cas, par exemple, on remarque que la désignation du coupable est quasi instantanée, tout comme l’identification de l’arme du crime. Oswald a été arrêté et confondu dans l’heure qui a suivi son crime supposé. Ben Laden, lui, n’a pas été arrêté mais son nom martelé sur tous les plateaux télévisés par une flopée d’experts en terrorisme, dans les heures suivant l’effondrement des tours. Le but recherché est de couper court au plus vite à toute théorie alternative, d’inspirer confiance dans l’efficacité du pouvoir, et de marginaliser et culpabiliser par avance tous les sceptiques. L’information officielle va en fait anéantir les efforts de l’opinion publique pour donner elle-même sens à l’événement, formuler des hypothèses, débattre. Moins d’une semaine après le 11 septembre, le général pakistanais Hamid Gul, ancien chef de l’ISI, avait analysé la technique avec perspicacité : « Moins de dix minutes après que la seconde tour jumelle soit percutée dans le World Trade Center, CNN a dit que le coupable était Ossama Ben Laden. C’était une information plantée par les vrais coupables. Cela a créé une disposition d’esprit et mis le public dans une transe, empêchant les gens intelligents de penser par eux-mêmes . » Des études montrent qu’une information reçue d’une autorité pendant une période de choc émotionnel et donc de vulnérabilité rationnelle, est intégrée à la mémoire du traumatisme, de sorte que la distinction entre les faits et leur interprétation est abolie.


Une fois le patsy désigné avec assurance par les autorités, il n’est même plus nécessaire de fournir les preuves de sa culpabilité. Il est à ce titre remarquable que le FBI n’a jamais officiellement inculpé Ben Laden pour les attentats du 11-Septembre. Il figure bien dans la liste des dix criminels les plus recherchés sur le site officiel du FBI, mais seulement en tant que suspect dans les attentats contre les ambassades américaines de Tanzanie et du Kenya. Questionné par le journaliste Ed Hass du Muckraker Report en juin 2006, le porte-parole du FBI Rex Tomb explique : « La raison pour laquelle le 11-Septembre n’est pas mentionné sur la page ‘avis de recherche’ de Ben Laden est que le FBI n’a aucune prevue solide liant Ben Laden au 11-Septembre . » Même l’identification des pirates de l’air a été présentée au public sans la moindre preuve. Au contraire, des informations contradictoires jettent un sérieux doute sur ces identifications : les « manifestes » de vol présentés publiquement ne comportent aucun des noms des 19 pirates de l’air, et il n’existe aucune image vidéo les montrant durant leur embarquement. Les quelques preuves de leur identité qui ont été rendues publiques sont d’une invraisemblance étourdissante, comme les deux passeports et la carte d’identité miraculeusement retrouvés sur les sites de crash des vols AA11, UA93 et AA77, ou au contraire d’un à-propos déconcertant, comme le Coran et le manuel de vol en arabe retrouvés dans les « bagages » de Mohamed Atta laissés dans un véhicule de location.
Autre parallèle instructif entre les identifications immédiates d’Oswald et celle de Ben Laden : dans les deux cas, un second crime leur a été imputé afin de renforcer le soupçon de leur culpabilité. Une heure après la diffusion de son signalement, on apprenait qu’Oswald venait d’abattre l’agent de police J. D. Tippit qui l’avait reconnu et accosté dans la rue. Le meurtre de Tippit avait pour but de présenter Oswald comme armé et dangereux, et accessoirement d’expliquer par avance qu’il soit abattu durant son interpellation, comme il devait probablement l’être. De manière analogue, la responsabilité des Talibans dans les attentats du 11-Septembre a été rendue d’autant plus facile à faire admettre que, la veille, les médias leur ont imputé l’assassinat du commandant Massoud en Afghanistan, dans un attentat suicide à la caméra piégée.


Une règle fondamentale du false flag pourrait s’énoncer ainsi : un bon patsy est un patsy mort. Une fois désigné, le faux coupable doit être éliminé au plus vite, car une fois désigné et arrêté, il n’aura rien à perdre à dire ce qu’il sait, et il en sait suffisamment pour se rendre compte qu’il a été manipulé. Lee Harvey Oswald a été abattu par Jack Ruby deux jours après son crime supposé. C’était déjà un peu tard : il était prévu qu’il soit éliminé dès son interpellation dans le Texas Theater, probablement par Jack Ruby lui-même, que le patron du cinéma, George Applin, rapporte avoir vu dans la salle à ce moment-là. Il est regrettable pour les comploteurs qu’Oswald eut le temps de comprendre ce qui lui arrivait et de lancer à la presse : « I’m just a patsy. » C’est peut-être l’un des ratés qui motiva l’abandon de la thèse du complot communiste, qui aurait remué trop d’invraisemblances.


Mais le désaveu du patsy est de peu de poids comparé au rouleau compresseur des médias alignés. Le déni de Ben Laden n’aura pas davantage d’effet. Pour ce qui est des pirates de l’air, ils sont morts par définition, et la question de leurs aveux ne se pose même pas. Là encore, pourtant, a surgi un problème fâcheux, dû sans doute au travail bâclé d’un maillon de la chaîne (pensait-il, lui aussi, ne participer qu’à un exercice sans conséquence ?). Quelques jours après leur identification par le FBI (le 14 septembre), sept au moins des dix-neuf pirates de l’air assurent par des canaux divers qu’ils sont en vie et, par voie de conséquence, innocents. Ils se trouvent au Maroc, en Arabie Saoudite ou ailleurs, et le FBI confirme leur identité. Le père de Mohamed Atta confirme au magazine allemand Bild am Sonntag fin 2002 que « Mon fils m’a appelé le lendemain des attaques, le 12 septembre » et qu’il se cache par crainte pour sa vie. 


Quant à Ben Laden, ce n’est que le 30 avril 2011, dans l’opération dite Neptune’s Spear, qu’il est supposé avoir été éliminé par un commando des SEAL, la force spéciale d’intervention de la Navy. Il aurait été abattu d’une balle dans la tête, et son corps, après identification, aurait été jeté en pleine mer. La seule image diffusée est un vulgaire photomontage rapidement démasqué. La farce serait comique sans l’épilogue tragique : le vendredi 5 août 2011 vers 23 h, un hélicoptère Chinook de l’armée U.S. s’écrasait, dans une province du centre de l’Afghanistan, après avoir été touché par deux grenades RPG-7 tirées par la résistance afghane. L’attaque a fait 38 morts, dont les 30 membres du Navy SEAL Team 6, l’unité d’élite qui avait mené l’opération Neptune’s Spear. Ainsi ne risquent-ils plus de contredire l’histoire officielle, en déclarant par exemple qu’ils n’avaient participé ce jour-là qu’à un simple exercice contre un Ben Laden virtuel.


Il est probable qu’en réalité Ben Laden est mort fin 2001, comme l’ont annoncé le président pakistanais Musharraf (CNN, 18 janvier 2002), le président afghan Hamid Karsaï (CNN, 7 octobre 2002) et le chef de la division anti-terroriste du FBI Dale Watson (BBC, 18 juillet 2002). Dès le 28 janvier 2002 CBS rapporta que la veille du 11-Septembre Ben Laden s’était fait soigner dans un hôpital militaire au Pakistan pour une dialyse des reins, escorté par l’armée pakistanaise. Comment aurait-il pu survivre jusqu’en 2011, terré dans les grottes d’Afghanistan, alors qu’il devait subir une dialyse tous les trois jours ? Plus troublant encore : deux mois plus tôt, Ben Laden aurait séjourné à l’Hôpital américain de Dubaï, où il aurait reçu la visite du chef d’antenne local de la CIA Larry Mitchell. Cette information émane de sources crédibles (la direction administrative de l’hôpital, des membres de la famille royale saoudienne, et le Renseignement français) et a été relayée par la presse dès octobre 2001 (Le Figaro, RFI).


Il fut cependant décidé au cœur du complot de reculer l’annonce de la mort de Ben Laden jusqu’en 2011. Il y avait à cela deux avantages. Premièrement, cela permettait de continuer pendant quelques années à justifier l’invasion de l’Afghanistan comme une chasse à l’homme. Deuxièmement, cela permettait de faire parler Ben Laden en lui créant une sorte d’avatar médiatique, et ainsi effacer le doute suscité par ses démentis. Mieux encore qu’un patsy mort, les comploteurs du 11-Septembre ont inventé le patsy virtuel. La culpabilité de Ben Laden repose surtout sur trois vidéos confessions « accréditées par la CIA ». La première aurait été mystérieusement retrouvée en décembre 2001 à Jellalabad en Afghanistan, puis traduite et diffusée deux mois plus tard ; malgré la mauvaise qualité de l’image, il est facile de remarquer que le personnage présenté comme Ben Laden ne lui ressemble pas. La seconde vidéo est apparue en octobre 2004, une semaine avant les élections américaines qui ont renouvelé le mandat de George W. Bush. Une analyse indépendante réalisée par l’institut suisse IDIAP spécialisé en perceptual intelligence, sur la base de comparaisons avec une vingtaine d’enregistrements antérieurs de Ben Laden, a permis de conclure avec une quasi-certitude (probabilité de 95%), que la voix n’est pas celle de ben Laden. Une troisième vidéo est présentée au public le 8 septembre 2007, dans laquelle Ben Laden annonce une intensification des actions d’Al-Qaïda en Irak, juste avant le débat au Congrès sur la stratégie en Irak ; l’image est figée pendant la majeure partie du message, et lorsqu’elle ne l’est pas, elle est si mauvaise qu’il est impossible de vérifier si le mouvement des lèvres correspond aux mots prononcés. De plus, les vidéos de 2004 et de 2007 ont été filmées dans le même studio, avec le même cadrage et la même posture, mais Ben Laden paraît plus jeune sur la seconde (il se serait reteint la barbe en noir, nous explique-t-on). Pour tout observateur éveillé, qui n’a pas « les yeux grands fermés » (eyes wide shut), ces vidéos sont les indices d’un mensonge d’État et d’une complicité de la presse, et non la preuve de la culpabilité de Ben Laden.


Après le 11-Septembre comme après l’assassinat de Kennedy, il a fallu apaiser les doutes par une commission d’enquête, avant que le Congrès ne s’en charge. La Commission sur le 11-Septembre est créée en novembre 2002. Elle est dirigée par Thomas Kean et Lee Hamilton, mais son directeur exécutif est Philip Zelikow, qui sera aussi le rédacteur principal du document NSS 2002 définissant la doctrine Bush de la guerre préemptive. Kean et Hamilton révéleront en 2006, dans leur livre Without Precedent: The Inside Story of the 9/11 Commission, que la Commission « a été programmée pour échouer » (was set up to fail) depuis le début, Zelikow ayant déjà rédigé un synopsis du rapport final avant même la première réunion. Il contrôlait tous les groupes de travail, les empêchait de communiquer entre eux et leur donnait pour seule mission de prouver la thèse officielle ; l’équipe 1A, par exemple, devait « raconter l’histoire le l’opération le plus réussie d’Al-Qaïda, le 11-Septembre . » Toute information, toute requête d’information devait obligatoirement passer par lui, et la plupart des informations que les commissionnaires obtinrent de la CIA et du NORAD étaient « si éloignées de la vérité » (so far from the truth), selon Kean et Hamilton. Les commissionnaires n’eurent accès à aucune preuve directe, ni même aux enregistrements d’interrogatoires de membres supposés d’Al-Qaïda, qui ne leur parvenaient que de troisième main, « sous la forme de rapports, même pas de transcription . » Ils durent par exemple se contenter des affirmations de la CIA sur les aveux de Khalid Cheikh Mohammed, présenté comme le responsable opérationnel des attentats, qui aurait, entre 183 séances de waterboarding, certifié que Ben Laden avait autorisé et soutenu l’opération. Arrêté en 2003 au Pakistan, Khalid Cheikh est encore à ce jour maintenu au secret. Avant que la Commission ne publie son rapport final en juillet 2004, plusieurs de ses membres avaient exprimé leur frustration. L’un d’eux, Max Cleland, avait démissionné en qualifiant la Commission de « national scandal » : « Un de ces jours il faudra qu’on nous donne toute l’histoire, parce que la question du 11-Septembre est si importante pour l’Amérique. Mais la Maison Blanche veut l’étouffer . » John Farmer, le Senior Counsel, déclara de son côté : « ce que le gouvernement et les responsables militaries ont dit au Congrès, à la Commission, aux medias et au public sur qui savait quoi quand, était presque entièrement et inexplicablement faux . »


La Commission jeta également le voile sur l’un des éléments les plus troublants du 11-Septembre. Entre le 6 et le 10 septembre 2001, les observatoires constataient des achats massifs d’ « options de ventes » (put options), vingt-cinq fois supérieurs à la moyenne, sur American Airline et United Airline, dont les actions qui ont chuté de 40% après les attentats, mais aussi sur des compagnies logées dans le WTC telles que Morgan Stanley Dean Witter & Co ou Merrill Lynch & Co. L’International Organization of Securities Commissions (IOSCO) a conclu le 15 octobre que les plus-values porteraient sur des centaines de millions de dollars et constitueraient le « plus important délit d’initié jamais commis. » La majeure partie des transactions a été portée par la Deutsche Bank et sa filiale américaine Alex Brown. Mais la Commission réfute l’hypothèse en quelques lignes : « une enquête a révélé que les opérations n’avaient aucun lien avec le 11-Septembre.  Un unique investisseur institutionnel sans lien conceivable avec Al-Qaïda a acheté 95% des options de vente sur United Airlines le 6 septembre, dans le cadre d’une stratégie boursière qui incluait aussi 115 000 actions de American Airlines le 10 septembre . » En d’autres termes : sachant d’avance que le coupable est Al-Qaïda, et constatant que les investisseurs n’ont pas le profil Al-Qaïda, on conclut que leurs ventes suspectes ne sont que malheureuse coïncidence. L’ « investisseur institutionnel » responsable des spéculations à la baisse sur UAL, disons-le tout de même, est Alex Brown Inc., une filiale de la Deutsche Bank que dirigeait A.B. « Buzzy » Krongard jusqu’à sa nomination en 1998 à la CIA, dont il devint Directeur exécutif (Executive Director) six mois avant le 11-Septembre.

À gauche, le Ben Laden de la vidéo authentifiée par la CIA en décembre 2001 ; à droite, le vrai Ben Laden.

Le « passeport magique » de Satam Al Suqami : il se serait échappé de l’avion AA11 pour être retrouvé dans une rue de Manhattan par un passant anonyme qui le remit à la police. Pareillement, le passeport de Ziad Jarrah, pilote supposé du vol UA93, a été retrouvé à Shanksville, près du trou où a disparu l’avion. Et la carte d’identité du terroriste Majed Moqed a survécu à l’incendie qui a volatilisé l’avion du Pentagone.

Le témoin idéal, interviewé par Fox News dans l’heure suivant l’effondrement des tours. Il n’a pas simplement « vu » les tours s’effondrer ; il a été « témoin de leur effondrement dû à une défaillance structurelle causée par un feu intense . » La confusion entre l’observation et l’explication technique (dans les termes destinés à devenir officiels) sert à recouvrir l’explication qui vient naturellement à l’esprit d’un témoin oculaire neutre, comme le fut par exemple le journaliste Don Dahler en direct sur ABC News : « Le bâtiment tout entier s’est effondré, comme si une équipe de démolition avait allumé … »

A gauche, le Ben Laden de la vidéo de 2004 ; à droite, le même trois ans plus tard, sur la vidéo de 2007.

50 ANS D'ETAT PROFOND

de l'assassinat de Kennedy au 11-Septembre

(comparaison et perspective)  

​

​"Une pilule rouge pour Forrest Gump"​ â€‹â€‹ 

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